... mais un fonctionnement
exemplaire
Je ne pense pas que le petit groupe qui suit des stages de formation en tapisserie à Lacave soit constitué en association, mais il est bâti sur le même modèle. En gros, Guy assure l'enseignement et le soutien technique, tandis que Michel joue au coordonateur (on dit aussi coordinateur). Les participants contribuent de manière épisodique au bon déroulement de l'ensemble, chacun apportant sa petite touche d'aide ponctuelle.
Quand je vivais encore Outre-Quiévrain, j'étais membre d'une série de clubs, sportifs principalement. Leur fonctionnement reposait principalement sur les cotisations. C'est bien ainsi, selon moi.
En France, je m'aperçois que beaucoup d'activités non-professionnelles perçoivent des "aides", souvent de faible importance d'ailleurs. Ces subsides contribuent un peu à la survie de ces manifestations, mais je trouve cela malsain. Ainsi, j'ai vu des clubs de ping-pong, des cercles du troisième âge, une association de vignerons autour de la remise au goût du jour de vieux cépages, etc ... profiter de ce saupoudrage. Chacun voit le monde comme il veut mais la France attend (exige?) toujours l'intervention de l'Etat ou des collectivités locales, même pour ses loisirs, alors que la république n'est même pas capable, par manque de moyens et par désorganisation, d'assurer correctement les fonctions essentielles attendues d'une société constituée: l'instruction, les soins de santé, la mobilité, l'habitat, l'ordre public, l'alimentation, l'emploi ...
Je ne suis pas d'accord.
Mais le sujet n'est pas là: les stages de tapisserie dont je parle sont un modèle absolu. La mairie met un local (excellent) à disposition, ce qui est une forme d'aide, si on veut, mais qui ne coûte rien ou presque car on l'occupe à des moments où les autres n'en ont pas besoin.
Le formateur - on dit maintenant "intervenant", bien dans la ligne de la rhétorique néo-lacanienne - est un professionnel ayant plus que toutes les qualifications techniques requises et ayant d'ailleurs tenu boutique jadis, qui met son temps à disposition du groupe. Il en a fait son métier de "tapissier itinérant", dans le sens où on connaissait the wandering Jew ou même les Traveling Wilburys. Mais Guy va beaucoup plus loin que cela: son enthousiasme, son sens didactique, sa faconde, sa bonne humeur, oui - disons-le - son charme sont pour une bonne part dans la réussite de cette initiative.
Et l'autre personnage-clé, Michel, est un homme hors du commun aussi. Prof. d'histoire à la retraite, ex-proviseur de lycée technique, il ouvre les portes de sa maison d'hôtes pour accueillir ce petit monde au petit-déjeuner et il met surtout son temps et ses coups de téléphone à disposition pour que tout tourne rond. il met aussi son sens de l'écoute, son recul, son oeil amusé, sa disponibilité d'humaniste au service du bien commun.
Je leur tire à tous les deux mon chapeau: voilà l'image de la France que j'aime. On observe pourtant plus souvent cette attitude solidaire dans les pays d'obédience protestante (Hollande, Scandinavie, Royaume-Uni ...). Peut-être faut-il y voir ici comme un vestige de la présence huguenote?
Quant aux participants, c'est un peu comme s'ils étaient cooptés: leur diversité rentre en effet curieusement dans un même moule d'enthousiasme et de convivialité. On fait ses heures, mais sans stakhanovisme. Tout le monde apprend, chacun à son rythme et selon ses souhaits. C'est un peu mon modèle d'enseignement, en tout cas dès que les élèves ont "l'âge de raison".
Christine s'est insérée dans ce groupe aussi facilement que le chibre d'un G.O. au plus profond d'une estivante du Club Méd' et elle s'y sent comme un esturgeon dans l'Adour. Moi, en pièce rapportée, je fais la navette entre ma clientèle du Sud-Ouest et la salle des fêtes, essayant que mon cynisme atavique et mon esprit caustique invétéré n'abîment pas trop l'atmosphère bon enfant de ce groupe.
Voilà des rapports humains qui me semblent bien proches du BONHEUR.
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