FAUT PAS BOUSCULER UN CULBUTO

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Regardez l'outillage spécialisé

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On sait tous que "filer un ramponneau" équivaut à donner une bonne bourrade à quelqu'un. Déjà plus rares sont ceux qui savent qu'un ramponneau est le synonyme parfait du culbuto, le tilting toy des Britanniques. Mais alors, que ce terme désigne également le joli marteau à deux pointes utiles dont se sert le tapissier pour enfoncer sans les abîmer clous à garnir et semences, voilà qui relève du niveau de Bernard Pivot ou MC Solaar.

 

Vous en apercevez un modèle élégant sur la photo, ainsi qu'un pied de biche et une belle paire de ciseaux de tapissier. Dans son magasin de la Place Bosch à Wavre, ma marraine Nicole André en utilisait d'énormes pour débiter les tissus d'ameublement. Le son mat et la coupe précise me restent encore à l'esprit comme autant d'images très nettes au parfum de madeleine. Mais non, pas des "prout" ... 

 

Ajoutez les carrelets, les bourrelets, les coutures cachées, les tire-sangles et tant d'autres termes de métier. La technique à échelle humaine, l'artisanat, me font rêver.

 

Eh bien, Guy transmet tout cela. Fils d'émigrés polonais venus s'éreinter dans les charbonnages du Nord, il a passé son CAP à Saint-Quentin avant d'aller tenir une boutique de garnisseur plus dans le sud. A présent, il anime un grand nombre de groupes de formation à la technique du garnissage et de la tapisserie entre Saint-Girons et Saint-Gaudens. 

 

Des adultes aux motivations diverses suivent son enseignement, certains depuis fort longtemps, et Christine vient de rejoindre avec enthousiasme le groupe de Lacave (Ariège). Il y a un mois, c'est le fauteuil de bureau de mon arrière-grand-père maternel - plombier-zingueur-couvreur ayant notamment réalisé la tuyauterie de l'université de Bruxelles au Solbosch - qui a bénéficié de nouvelles sangles et d'un recouvrement rafraîchi. Dès que nous aurons trouvé une peau qui convient, Christine finira son habillage de cuir.

 

La semaine dernière, la première des deux chaises de style Louis-Philippe achetées (5 euros l'une) à l'entrepôt d'Emmaüs, dépecée par mes soins, a bénéficié d'un royal treatment. Le siège (amovible) a été entièrement refait: sangles de fond, ressorts (inox), sangles du dessus, bourre végétale et bourre de crin animal, toile de jute et tissu supérieur. En deux jours, pour une première tentative, Christine a terminé tout cela avec l'aide mesurée de Guy. Il ne reste que le tissu décoratif à choisir et à appliquer. Enfin, une légère patine, étendue à la paille de fer, terminera le travail: de la belle ouvrage.

 

Cette méthode traditionnelle prend certes plus de temps que si on chasse des agrafes avec un pistolet pneumatique (j'en possède un) et si on utilise un rembourrage en mousse synthétique, mais sa tenue dans la durée est bien meilleure. Et puis, ce savoir ancestral doit être maintenu dans toute sa noblesse.

 

Il fallait sans doute raccourcir les aristos, en '89, 

mais il faut à présent prolonger la vie des vieux métiers nobles.

 

 

 

PS: Pour tout renseignement: Michel Caujolle

     Maison du Parc (Lacave, 09)

     06 23 79 72 35

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