Cette jolie photo,
prise je suppose
lors du jubilé
du papa,
me sert de prétexte.
Il y avait Castor et Pollux, Hélène et Hector, Quirié et Leïson.
De la même manière ai-je toujours entendu mon ami parler de Sophie.
J'ai rencontré le sujet de l'empereur du Pays du Soleil Levant par un beau midi de 1991. Mon ami XVG et moi, voisins de bureau et collègues sur le pay-roll d'un des fleurons du Quatrième Reich, cherchions un endroit où manger, tandis que les autres membres du personnel à la solde de Leverkusen croquaient réglementairement leur sandwich en vitesse, pour ne pas déborder des 45 minutes de pause imposées par le règlement du travail.
Bientôt, cette quête se transforma en rendez-vous régulier: le lunch trois services de notre ryourinin, facturé 360 francs belges (9 euros) à l'époque, était une tuerie. Souvent, le total des vins dépassait de loin les autres poste de notre addition.
Petit-à-petit, un lien d'amitié s'est créé.
Le chef est même venu manger chez moi à Wemmel.
Il m'a rendu visite à Corneilla, logeant à l'Auberge du Cellier la première fois et sympathisant avec le chef. Une autre fois - j'étais mieux installé - il a passé quelques nuits dans la chambre de devant, où j'avais disposé un petit autel discret pour ses méditations du matin.
Un jour, il nous a appris qu'il fermait boutique à la rue de la Source.
Un homme d'affaires pétrolier, fin gastronome alors que sa nationalité hollandaise rend cette association improbable, s'est assuré ses services exclusifs afin que sa jeune famille puisse "manger le meilleur poisson du monde". C'est le job-description actuel de Saburo.
Le soir, après le service, il va se sustenter chez Hau, anciennement "La Tour d'Argent", un restaurant vietnamien exceptionnel logé dans une villa de style Horta près du club de hockey de l'Orée. J'ai eu l'énorme plaisir de le revoir, avec Christine, à cette table, et de découvrir ainsi les plats du sympathique chef indochinois. C'est aussi la première fois que Saburo et moi mangions ensemble ... avec des baguettes. On est loin de l'ambiance guindée de l'Oustau de Baumanière qui l'avait vu débarquer pour son premier stage en Europe, en droite ligne de Tokyo, il y a un peu moins de cinquante ans. Et loin aussi des boiseries et du bronze du relais de poste de la place de la Chapelle où il avait conquis sa première étoile Michelin pour le compte du pittoresque Christopher.
Son canard au sang ne connaît pas d'égal (même pas au Quai de la Tournelle) et ses coquilles Saint-Jacques sont toujours incomparables.
Mais c'est surtout sa gentillesse, sa sérénité et son sens de l'amitié qui nous le rendent cher. Au moment où le même XVG que j'ai cité plus haut ne se sentait plus le coeur à vivre, c'est Saburo qui a le plus fait pour le soulager, discrètement.
Chef, si tes étés tropéziens t'en laissent le temps,
j'espère que tu rouleras 3 heures jusqu'à La Franqui
pour passer une paire de jours avec nous.
Je te prépareai des sushis*!
* Ceci est une boutade. Je n'aime ni le riz gluant, ni les bizarres algues
noires, ni trop la sauce soja. Va pour du sashimi, alors, façon ikejime!
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