Ma "close encounter"
(voir ICI)
a déjà connu une suite.
Moi qui aime les anecdotes, celle-ci est une des plus savoureuses que je puisse vous conter, unique en quelque sorte, de Poligny jusqu'en Armagnac (bof).
L'homme accueillant avec qui Christine avait entamé une conversation, ou l'inverse car c'est un coquin, au bord de l'étang de La Palme nous a conviés à venir croquer un morceau d'épaule (d'agneau) chez lui, dans son petit cabanon sur la grève, en zone bien inondable. L'invitation prenait effet quelques instants après que je la reçusse et j'ai fait diligence pour préparer quelques tapas en guise d'amuse-gueule et puis aussi un dessert à la belge: chokolade-mousse. Encore deux flacons d'embarqués et les quatre roues - bien utiles dans le bourbier à venir - s'ébrouent en direction de notre hôte-surprise.
La nuit est noire et nous loupons par deux fois l'entrée du chemin de terre. La tramontane a refermé le portillon et il me faut enjamber toutes sortes d'épineux pour libérer l'accès. La torche révèle alors, dans son faible faisceau, un homme affairé derrière un grand panneau solaire: celui-ci a subitement décidé de passer en position "off" et ses batteries aussi.
Or, EDF n'alimente pas cette parcelle.
Au moment où j'atteins, à son invite, la porte du pavillon, un crachement fumeux et un hoquetis (néologisme très séduisant, rappelant à la fois le cliquetis et le hoquet) de moteur à explosion qui souffre m'indique qu'un groupe électrogène est à la peine. A la peine! Tu parles, des flammes sortent de la tubulure d'admission et la grille qui protège l'entrée d'air est chauffée au rouge! Je n'ose pas examiner l'échappement. Heureusement, on est en zone inondable! Le propriétaire, appelé à la rescousse par mes soins, en arrive à la même conclusion que moi - c'est un homme de bon sens: il faut couper le contact!
Vous m'avez compris, on a remballé tapas, bibine, mousse au chocolat et agneau et on a rebroussé chemin, tous les trois, vers LF. A une heure du mat', nous y finissions le repas sur un constat attristé de la part de Christian (c'est lui): le domaine de la Coume Majou n'est pas bouilleur de cru et je ne produis pas de gnôle. Notre ... Gone (car il l'est en partie) s'est rattrapé avec le Maury.
Je ne vous révélerai pas le contenu de toutes nos conversations mais la fin valait la chandelle qui n'a pas brûlé. Lors de l'année passée à l'Hôpital Bichat en tant que "résident étranger" (modeste boursier sans le sou aussi, hélas), j'ai rencontré - oh, de loin! - le Prof. Gabriel Richet, qui rappelait à qui voulait l'entendre qu'il était le petit-fils du Prix Nobel de Médecine 1913, Charles Richet.
Cette nuit, j'ai rencontré l'arrière-arrière-petit-fils d'un homme qui aurait pu le devenir, à quelques jours près. En effet, nous connaissons bien Langogne, pour avoir la chance de compter un adorable client (surtout deux clientes en fait, mesdames Laurens mère et fille) non loin de là: L'hôtel-restaurant de la Poste à l'Habitarelle, ce hameau de Châteauneuf-de-Randon où se dresse le cénotaphe (vide) de Bertran(d) du Guesclin, Connétable de France. Je recommande l'endroit pour le confort de ses chambres, la qualité des repas conviviaux et terroir, l'excellence du petit déjeuner mais surtout pour sa carte des vins et l'accueil fantastique de toute l'équipe, tant famille que personnel. Et puis, le sourire de Marie, à la fois sommelière, maîtresse de maison et motarde ...
Or, Langogne propose au public un médaillon en bronze de Pierre Victor Galtier, qui naquit en 1846 au Mazelet, un hameau contigu. Ce vétérinaire avait en fait réalisé la plupart des expériences rendues célèbres quelques mois plus tard par l'homme d'Arbois, Louis Pasteur, et notamment le concept de la vaccination anti-rabique. Il fut proposé au Nobel en 1908 mais eut la mauvaise idée de mourir à la Mulatière quelques semaines avant l'attribution.
Notre Christian n'a pas connu son vénérable aïeul.
Et moi j'ai donc loupé de peu une rencontre
avec un autre descendant d'un Prix Nobel de Médecine.
Mais nous avons passé une soirée mémorable,
baroque et hard-rock, ingénue et ingénieuse,
sans dieu ni sans maître.
Salut, camarade.
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Michel de Lacave (Monday, 04 February 2019 19:00)
Produire de l'eau de vie devrait être OBLIGATOIRE!
Charlier Luc (Monday, 04 February 2019 20:03)
D'une certaine manière, ce l'est. La "contribution vinique", cet impôt injuste que votre république bananière exige des viticulteurs, est le plus souvent acquitté en faisant transformer, par une distillerie, nos marcs et nos lies en alcool vinique, et ce quasiment sans contrepartie.
Charlier Luc (Monday, 04 February 2019 20:11)
J'ai "publié" trop vite mon commentaire, encore incomplet, Michel. Je te rassure, l'allusion à "Tel père, tel fils", ne m'avait pas échappé.
Et le "hakique", alors?