Saint-Roch et son cochon,
Saint-Antoine et son clebs,
je ne sais plus en fait ....
A Coutens, c'est Saint-Martin qui veille en tout cas sur une excellente table.
Le brave Tourangeau, un des saints-patrons de la France, est aussi celui des alcooliques et un des protecteurs du vignoble, avec son pote Vincent. Ca me va totalement.
Cela fait longtemps que nous passions devant la jolie bâtisse ocre en bordure de la route de Mirepoix à Pamiers, sans nous y arrêter - Christine avait cherché à en savoir plus. On se pressait généralement d'arriver chez François Bassas ... pour s'y régaler, après avoir craqué pour à peu près tout ce qui se trouve dans les vitrines réfrigérées chez Diant: pâtes de fruits, chocolats, viennoiseries, gâteaux ...
Et maintenant, badaboum: Mélanie Zervos a investi le Clos Saint-Martin.
Mélanie, cela veut dire "la noire". mais il doit s'agir d'une "feinte", comme dit Christine, d'une taquinerie, d'un teasing, car rien n'est noir chez elle. La cuisine est lumineuse, l'accueil est super-sympa, le service est assuré conjointement par maman et un serveur adorable aussi qui connaît bien le vin. Notez que le papa des deux enfants de la chef - je ne l'ai pas rencontré - ne peut-être que quelqu'un de joyeux lui-même: il produit des fraises! Bon, d'accord, accessoirement des céréales également, histoire d'engranger (le mot est bien choisi) les avantages communautaires distribués par la PAC, ceux qui permettent souvent aux agriculteurs de survivre et de maintenir l'exploitation à flots. Faut bien!
Moi, c'est la Mara des bois et la Charlotte que je préfère ...
et le petit épeautre.
Zervos, c'est grec comme patronyme. Et c'est aussi l'origine lointaine de notre cuisinière. mais elle n'en connaît de la langue, exactement comme moi, que les 5 années de grec classique qu'elle a suivi pendant ses études:
μηδὲν ἄγαν.
A la place, elle a observé les Coutand, les Goujon et les Abraham chez qui elle a fait ses classes. Son site dit modestement "cuisine
semi-gastronomique" ou le préfixe semi est de trop. La carte est réduite, garantie de fraîcheur, mais pas étriquée et les portions sont plus que généreuses. Dame, en Ariège on a bon appétit. Les plats sont complets; je veux dire par là que, en dehors de l'ingrédient principal, vous trouvez aussi une garniture variée. Les cuissons sont "impec." et la présentation est soignée, sans pyrotechnie inutile.
Si je vous dis qu'elle a sélectionné - la chef déguste elle-même, mais en prenant l'avis de la salle et notamment de ... madame mère - un madiran que je ne connaissais pas, me croirez-vous? Il m'a tellement plu - Christine ne boit généralement qu'un verre, par égard pour ses hépatocytes - que je n'ai pas fait une seule photo en partant; ... σωφροσύνη? Il ne s'agit pas d'un oubli mais mon appareil photographique est d'un maniement compliqué ... Le vieux pick-up, lui, connaît heureusement le chemin du retour par coeur.
"Sur l'A61, je décuve en chantant
Et le soir je me couche en chancelant ..."
Cela vaut mieux que les mièvreries de Guy Béart et l'hygiénisme d'Evin, non?
J'adore le vin, vous le savez, mais pas les journalistes qui prétendent en parler. J'aime aussi la bonne cuisine, mais j'exècre les bouffons qui jouent aux chroniqueurs gastronomiques; tous des pique-assiettes. Donc, je vous dirai simplement que les escargots originaires du Faurou et le pigeon (suprêmes rosés et cuisses confites) gersois étaient exquis. Bon après, je ne possède pas non plus toutes les enzymes qu'il faut pour négocier proprement "l'artichaut de Jérusalem". Mais l'air vaut bien la chanson ...
Merci à toute l'équipe pour ce déjeuner exquis
dans une ambiance adorable.
Ne serait-ce pas tout simplement à présent
la meilleure adresse ariégeoise?
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