CA DONNE DU PIMENT A LA VIE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un "fauteuil de bureau"

version 19ème siècle, 

remis à neuf.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Théodore Demeulenaere, le père de ma grand-mère maternelle, la Bobonne qui m'a élevé jusqu'à mon entrée au secondaire, était plombier-couvreur-zingueur de son état. Je ne l'ai bien sûr pas connu mais ma mère le vénère. Ma grand-mère, elle, femme intelligente mais roublarde, a prétexté un goître (qu'elle n'avait pas je pense, avec ou sans circonflexe) pour arrêter son métier d'instit' à la mort de sa propre maman, afin de pouvoir s'occuper de notre Théo. 

 

A lui, il est arrivé plein de choses. Il est tombé d'un toit sur lequel il travaillait et cela lui a cassé un fémur, dont la guérison a été compliquée d'une ostéomyélite. Comme si cela ne suffisait pas, une des énormes dalles en pierre bleue qui constituaient les trottoirs du boulevard Adolphe Max et des autres belles avenues du centre du vieux Bruxelles, cher à Jacques Brel, lui est tombée dessus au niveau d'un chantier. Cela n'a pas amélioré sa mobilité! 

 

L'hagiographie familiale prétend qu'il a installé les premières toilettes à chasse d'eau de Bruxelles, et la tuyauterie de l'université de Bruxelles, ancien campus. Ce qui est sûr, c'est que ce natif d'Oudernaarde a échangé devant notaire notre villa de Coxyde, vers 1913 je crois, contre un autre bien qu'il possédait en Flandre. Et le fauteuil que Christine vient de remettre à neuf dans le Couserans, avec l'aide d'un maître de stage d'origine polonaise et à l'instigation d'un ancien prof. d'histoire ayant passé son enfance à Toulouse, eh bien, ce fauteuil accueillait jadis les fesses de mon bisaïeul. Very much traveled, this armchair 

 

Je pense que ma mère s'en est débarrassée quand elle a quitté le Pajottenland. Il a atterri à Corneilla, puis dans ma "pièce" à LF, où j'espérais qu'il atténuerait les douleurs que me cause ma cervicarthrose. Il figure sur un portrait à l'huile de son propriétaire, recouvert d'une vieille croûte de cuir tout craquelé. Quand moi je l'ai "touché" - je l'ai vu au déshabillage réalisé par mes soins - il était recouvert d'un vieux tissu vert, par-dessus lequel on avait tendu du velours brun. 

Il a été resanglé par les soins de Christine, en conservant ses ressorts d'origine et son crin, simplement complété à neuf. 

Mais là où cela devient "top" - merci à Michel Caujolle - c'est que la tannerie Rémy Carriat, d'Espelette, celle-là même qui fournit régulièrement Hermès (en exclusivité), a accepté de nous céder une peau de taurillon couleur Cognac. Michel en a gardé une partie, et nous a cédé la portion nécessaire à recouvrir ce fauteuil. Cet artisan haut de gamme ne tanne pas le cuir lui-même, mais il en assure la sélection, la teinture, la nourriture, le corroyage et le finissage ... avant la vente. 

 

Je n'ai peut-être pas eu

le cul dans le beurre au cours de ma vie,

sans pour autant être malheureux,

mais là, mes fesses: quelle félicité! 

Merci, Christine.

 

 

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