1986 : Bon
La "tropézienne" est en fait capestanaise et le Lafaurie est bommais.
Le Thierry de Christine et sa femme sont venus croquer la tarte (sans pomme) et j'ai sorti le liquoreux.
Comme tout bon diabétique, j'adore les vins moelleux. D'ordinaire, je bois peu de sauternes mais là, il m'en reste quelques-uns. J'ai eu l'occasion - les snobs diraient "la chance" - de déguster du Yquem plusieurs fois dans ma vie, et ne trouve pas qu'il écrasât les autres de manière évidente. Je n'ai pas dit que cela ne m'avait pas plu. En règle générale, je trouve les vins doux du Bordelais un peu plats, manquant d'acidité. En outre, en dépit de leur prix très élevé, ils étaient élaborés (de mon temps) en faisant appel à de la chaptalisation presque systématique, et ensuite à des procédés de cryo-concentration qui me semblent inacceptables à ce niveau tarifaire. Enfin, on les sulfite "comme des malades".
Parmi eux, c'est Château Gilette et Château Climens qui trouvent le plus grâce à mes yeux, Cette bouteille-ci, élaborée sous l'égide de Cordier, provient sans doute encore de l'un ou l'autre agent belge de cette marque (Breuval, Fourcroy ...). Et 1986 était un millésime équilibré, avec une acidité suffisante et une botrytisation correcte.
Vous lirez ailleurs l'histoire du cru, je n'ai pas vocation à faire de la pub pour les Girondins. Toutefois, entré dans le giron Cordier, alors familial, en 1917, et partageant des traits architecturaux avec Ch. Lagrange à Saint-Julien, il a ensuite rejoint la société foncière de Cordier, et donc le groupe Suez, avant d'être acheté en 2014 par un homme d'affaires suisse, dans toute l'acception du terme. Son c.v., sans jalousie de ma part, me fait frémir. C'est vraiment le genre de personnage qui n'a pas sa place dans mon monde idéal. Il est probable qu'il ne m'apprécierait pas non plus mais, Aldous Huxley ou pas, la terre est parfois relativement bien organisée et nous ne nous croiserons sans doute jamais.
Cette bouteille-ci, dont les sémillons (très majoritaires) ont pris une belle robe orange après plus de 30 ans de garde, développe un nez de vanille très marqué (la barrique), soutenu par du botrytis et la bouche est grasse, sans amertume en finale.
On est même capable de boire un deuxième verre !
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