Nom: Majou
Prénom: l'Eglise
Naissance: septembre 2007
J'ai eu l'occasion de raconter comment la cuvée "l'Eglise de Coume Majou" est née.
De 1992 à 1997, on m'avait chargé de donner les cours "d'oenologie" (initiation au monde du vin et à la dégustation en fait) dans le cadre de la "promotion sociale" du CERIA. Je ne sais pas trop pourquoi cette tâche m'avait été attribuée, prenant la relève d'Hamilcar Michiels, de René Bizet et de Robert Goffard, excusez du peu! Je m'en suis acquitté de mon mieux et, je pense, à la satisfaction générale. Bien sûr, mes excès de language et mes prises de position politiques ont été critiquées, mais au bout du compte, de 40 élèves que comptait le cours à mes débuts, nous étions près de 100 participants lorsque j'ai renoncé à poursuivre. On peut parler ici aussi d'un "prompt renfort".
Parmi les assidus se trouvait un "petit bonhomme" - il me pardonnera - que le Reader's Digest avait eu comme directeur financier pendant des décennies. Lorsque leur organigramme et lui ne furent plus d'accord que sur un seul point, la rupture, il devint importateur de vin et s'occupa du mien sur Bruxelles, avec succès et enthousiasme. Merci, Xavier!
Il réussit la gageure de vendre presque tout mon rosé 2005 à la piscine la plus profonde d'Europe, dont les plongeurs ont lampé le vin à la buvette. Et il "lança" le Casot 2005 (un vin formidable selon moi, mais réservé à une niche d'amateurs) avant que le Guide Hachette ne reconnût les mérites de ce flacon (trois étoiles dans l'édition 2008).
Oui mais voilà, le Belge veut du rouge à 10-12 euros (et même un peu moins cher à l'époque). C'est pour satisfaire cette demande de la clientèle de mon caviste que j'ai "créé" l'Eglise, non pas avec des raisins moins bons, mais en m'appuyant sur un profil plus souple, légèrement moins alcoolisé et presque gouleyant. En même temps, faire du Bourgueil ou du Saint-Amour n'est pas le but dans le Fenouillèdes.
L'Eglise naît au N° 11 rue de l'Eglise de Corneilla, Pyrénées Orientales.
En 2006, 2007 et 2008, j'en ai élaboré environ 7-8000 bouteilles à chaque fois, ce qui était beaucoup pour la taille de mon domaine.
Le 2006 conservait encore pas mal de gaz carbonique captif - comme les ballons - car cela me plaît, mais 8-900 mg/l pour un rouge, c'est beaucoup pour la clientèle, même si cela disparaît vite à l'aération. Ca n'a pas empêché le vin de devenir "vin du mois" à l'hiver 2009 chez les jumeaux Pourcel, multi-étoilés Michelin à Montpellier.
Quand 2007 a fait comme Don Diego de la Vega, je l'ai plus soigneusement dégazé mais il restait un peu "ferme", très marqué par son - excellent - carignan (environ 35 % de l'encépagement). On a décidé d'attendre un peu pour sa vente et nous avons même proposé le 2008, plus riche en grenache noir, avant le 2007.
Et puis, un soir d'automne brumeux dans le Limbourg belge, un des dégustateurs les plus fins que je connaisse, mon ami Michel (mari de Michèle), s'est entiché de cette bouteille, certainement la plus légère que j'aie jamais produite. Et ce fut le début d'une carrière commerciale sans vague ni ressac.
Nous arrivons à présent en fond de loge. J'ai gardé quelques dizaines de cartons "pour la bonne bouche" et PMG * aussi.
Deux faits saillants: lorsqu'Eric Domb, le patron de PAIRI-DAIZA, a décidé que le Domaine de la Coume Majou fournirait le parc, il buvait régulièrement mes vins. C'est à la fois l'Eglise 2007, et Majou 2006, que son chef de cuisine, M. Bigonville, a choisis parmi mes rouges pour leurs différents restaurants. La finesse du buffet du Temple des Délices s'accommode parfaitement de ce choix, pour ceux qui ne boivent guère de rosé, même avec la cuisine asiatique.
Et lorsque Christophe Le Berre m'a référencé dans son joli magasin de la rue de Flandre (Repaire du Sommelier), c'est également l'Eglise 2007 (et Majou du même millésime) qu'il a préférée. Je rappelle qu'il fut le sommelier du restaurant étoilé Bon-bon, à son ancienne adresse.
Et bien, mesdames et messieurs, la saison 2019 de Pairi-Daiza vous permettra de tremper vos lèvres dans cette église, en parfaite communion avec les raisins de la vallée de l'Agly: le réapprovisionnement pour Brugelette quitte mon entrepôt aujourd'hui.
Et, si vous êtes conquis, M. Le Berre est encore suffisamment fourni également pour votre chalandise. J'en profite pour rappeler - je suis un emmerdeur - que "bien achalandé", pour un commerçant, ne veut PAS dire que son assortiment est de qualité, mais bien qu'il possède une clientèle abondante. L'usage se trompe souvent.
A la dégustation, après 12 ans d'existence (!), ce joli rouge de 13 degrés à peine, fait encore étalage de tout son fruit, mais une suavité qu'il ne possédait pas au début s'est installée.
Réellement un grand plaisir.
*PMG = "pour ma gueule"
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