DES FIOLES, MAIS PAS EN REUNION !

Presque un tiercé gagnant!
Presque un tiercé gagnant!

 

 

 

 

 

 

 

 

Où l'on parlera

de trois approches

du même raisin.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je vous parle, apparemment avec immodestie, assez souvent de mes vins;

Ce blog n'est jamais publicitaire, mais vous ne pouvez pas me reprocher qu'il soit parfois un rien promotionnel. 

 

Ce matin, en lever de rideau, Christine et moi avions rendez-vous à Narbonne, au bord de la piscine municipale, couloir N° 7. 

 

Je vous ai expliqué que ma mère avait senti avant le Guide Michelin que cet excellent restaurant au bord de la Via Domitia avait déniché une pépite. En effet, pour la première fois, le guide a couronné un "meilleur sommelier de l'année" et ce fut Albert. En fait, c'est lui qui nous l'a expliqué, bibendum envoie des inspecteurs incognito (mais pas en terra ignota) pendant deux ans et puis un "grand chef inspecteur' vient s'assurer de leur choix à visage découvert. Après Jérémy - passé chef de salle et grand ordonnateur - notre compatriote, nous avions connu un Michaël (je crois) à ce poste et ensuite on nous a présenté mon héros du jour. Il était tout jeune (26 ans à présent) mais a imposé d'emblée sa griffe, le chef laissant beaucoup de latitude à ses collaborateurs sur ce point, et il a raison. En moins de cinq ans, car nous sommes assidus, nous avons vu énormément de "nouveaux vins" débarquer et parfois, pour faire de la place sans doute, on a même ... débarqué certains des miens, seule la Loute demeurant fidèle au poste.

 

Vous savez que nous mangeons volontiers en clientèle, mais jamais sur base d'un "donnant-donnant". Certains collègues, et notamment un de ceux que j'admire le plus, disent avec un sourire narquois "qu'ils sont incontournables " sur une carte bien faite. Moi, quand j'ai bu un peu trop (j'emmerde gentiment Evin et les hygiénistes), il m'arrive d'être incontinent, mais pas incontournable. Fort de ce fait, j'ai pris ma caboche entre mes deux mimines et j'ai concocté une dégustation "hors normes", bien décidé à revenir en grâce auprès du bon Saint-Crescent, et dans ses loges. 

 

Je vais briser le suspense immédiatement, les tablettes digitales du restaurant compteront des références majoliennes nouvelles dès ma livraison, semaine prochaine sans doute.

 

Christine fut un peu surprise de l'ordre de la dégustation, mais suivez-moi.

 

Le millésime 2015 fut le début des vaches réellement maigres (en volume) pour moi. Sans engrais du tout, sans désherbant chimique (un peu de débroussailleuse et c'est tout), sans compléter les manquants, mes coteaux schisteux (Estagel et Saint-Paul) souffrent réellement de la sécheresse qui frappe continuellement le bas-Fenouillèdes. J'aurais pu me plaindre et geindre, quémander des aides agricoles et implorer tous les saints patrons de la PAC. Eh bien non, j'ai vinifié différemment ces raisins. 

 

La Cuvée Majou 2015 comprend une énorme majorité de grenache très mûr, encuvé après un sulfitage symbolique et il a simplement été soutiré 3 fois avant une mise qui a vu réapparaître un filtre à plaques, sur le conseil de mon oenologue ... que j'ai suivi pour une fois à la lettre. Et la famille de Christine - tous des Héraultais aux ancêtres cévenols, italiens, valenciens et guadeloupéens, càd des amateurs de vins un peu plus fluides que ceux des P.O. - m'ont d'emblée trouvé ce vin exquis, buvable etc ... Avant que les Civale, les Gleizes, les Barillot (j'en oublie) ne boivent tout mon stock, je commence donc à le proposer à ma clientèle en restauration.

Notre sommelier du jour a partagé mes vues: le fruit est brillant et les tanins, sans être légers-légers, ne choquent pas par leur rudesse. Vendu!

 

La Cuvée Miquelet 2005 est à l'opposé. Hachette lui a immédiatement décerné une étoile dans le guide 2008, paru en septembre 2007 après la dégustation de printemps, mais moi je la trouvais TRES tannique. On a attendu un peu pour la vendre et j'avais quand même plusieurs milliers de cols (beaucoup pour mon petit domaine) en stock. Ce vin a ensuite fait le bonheur de Georges Gracia (un des meilleurs sommeliers et enseignants de l'arc méditerranéen) à la Barbacane de Carcassonne, et aussi de tous les sommeliers qui se sont succédés chez Gérald Garcia à la Pomarède, avant que la voracité des propriétaires des murs ne mettent à mal l'équilibre comptable de son magnifique établissement. 

A présent, 13 ans après la mise (!), ce joli vin qui n'a jamais connu que la vieille cave de Corneilla (non climatisée) où il a vécu sa mise en bouteille, est encore flamboyant. Par contre, le nez commence à développer un bouquet secondaire aux accents de garrigue et les tanins sont d'une suavité envoûtante. Et hop, un peu pour Narbonne aussi!

Lisez en PS l'anecdote (véridique) que je raconte sur cette bouteille. Il m'en reste moins de 300 à présent.

 

La Cuvée du Casot 2009 appartient à la triplette - Christine refuse le mot brelan, car elle croit que c'est une contrepétrie - de mes vins préférés au sein de notre production. C'est la dernière vendange de la Coumo d'en Miquelets à Saint-Paul-de-Fenouillet, que la grêle a irrémédiablement mutilée en juin 2010 et je l'ai assemblée à tout le jus de la Loute 2009 (à peine un peu plus de 300 litres). A ce titre, je voulais la montrer aussi mais notre échanson-vedette pense - un peu comme moi - qu'il faut encore attendre ce vin si dense, si séveux. Je la remets donc dans ma culotte. Heureusement, je vieillis et il n'y fait pas trop chaud toute l'année! 

 

On fait donc du "deux sur trois".

 

Attendez, ce n'est pas fini. Je commence à sortir le Maury de 2011, notre Quintessence. Mais j'en parlerai une autre fois ....

 

Merci à Albert de nous avoir reçus si gentiment.

Je précise que les feux de la rampe n'ont pas modifié son sourire radieux et que sa stature (haute) n'a pas pris la grosse tête. 

 

 

 

PS1: Miquelet 2005 avait été importée par une très importante maison belge, à la fin des années 2000. Un nouveau chef de produit avait ensuite été engagé et il a critiqué systématiquement les choix de son prédécesseur, celui-là même qui avait sélectionné mon vin. Et plus de 900 bts de Miquelet 2005

(qui m'avait heureusement été payées) ont terminé leur vie dans un concasseur à verre, alors qu'un "meilleur sommelier de Belgique", appelé en expertise, l'avait déclaré excellent.

Je ne sais pas si ce "cadre" a fait une belle carrière par la suite.

Ou alors dans la GD peut-être? 

 

PS2: "Errare majolicum est", j'avais reproduit l'information erronée parue dans la presse suivant laquelle Albert, qui est en fait originaire de Béziers, avait des racines dans l'Océan Indien. Il est de souche "caraïbe" en fait et ce n'est pas du rhum Charette qui a nourri son enfance, mais les délices de la Martinique. Vous comprenez à présent le clin d'oeil de mon titre énigmatique.

 

 

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