Ca décolle !
Là, je bois du petit lait, mais ma gaieté retombe bien vite: est-ce ça, l'Europe?
La holding Air France - KLM a gagné de l'argent en 2018. Le bénéfice consolidé a été réalisé principalement par la branche néerlandaise de la société alors que la partie française s'est vue largement plombée par une ... grève qui a coûté plus de 300 millions d'euros.
Comme tout "bon Belge", qualificatif que je réfute, je nourris une certaine irritation envers l'arrogance de la France et un désamour atavique pour les "Kees", qui nous en ont tant fait voir depuis des siècles. Si j'étais arbitre d'un match entre ces deux nations, ceci garantirait mon impartialité: je serais impitoyable envers les deux protagonistes.
La valeur de l'action de la holding avait graduellement monté, sans cause économique évidente, depuis quelques jours, jusqu'à réaliser une plus-value de 25 %. Et ni le ministère de l'économie, ni la chancellerie, ni aucune instance officielle n'a rien vu venir. Tous des pros, en Macronie!
En fait, le gouvernement hollandais a libéré 680 millions d'euros pour acheter sur le marché libre 12,68 % du capital, se rapprochant ainsi de l'état français qui en détient un peu plus de 14 %. Depuis lors, le cours de l'action est retombé un peu, ce qui me semble normal.
Depuis l'accession d'un Canadien à la tête du board, et ses tentatives d'éviction du boss de la moitié hollandaise, M. Pieter Elbers, les Pays-Bas se défient de la gouvernance commune des deux compagnies aériennes, d'autant que Schiphol doit une moitié de son trafic à KLM. Les retombées économiques sont essentielles pour la Hollande.
En outre, les Hollandais ont une fibre nationaliste marquée et un attachement naïf envers leur maison royale, même si ce sentiment décline. Or, KLM est une compagnie "royale" (Koninklijk) et il ne faut donc pas y toucher.
Nous disions "Kleine Loon Maatschappij" (compagnie aérienne aux bas salaires) mais cette boutade cachait mal que la Sabena s'est fait dessaler alors que KLM persiste, et maintient Air France à flots.
Les qualificatifs utilisés en France pour qualifier cette acquisition d'une partie du capital sont: agressif, surprenant, inamical ...
Admettons que le procédé est ... cavalier, mais les Hollandais sont des matérialistes plutôt que des doux poètes et toute cette affaire traduit le manque total de confiance qui existe entre les deux états, pourtant partenaires du vieux "Marché Commun" depuis longtemps.
La France voit d'un mauvais oeil que l'Iran ou la Corée, après l'Inde et le Pakistan, se munissent de l'arme atomique ... mais elle peut la détenir.
La France voit d'un mauvais oeil que l'Angleterre, la Belgique, le Portugal, l'Italie, l'Espagne (et d'autres) produisent des vins effervescents bien meilleurs que la plupart des champagnes, et à des prix bien inférieurs.
La France voit d'un mauvais oeil que les Hollandais volants souhaitent détenir autant d'actions qu'eux pour les successeurs de la Caravelle ou du Concorde, deux échecs commerciaux retentissants même si ces avions étaient "sympa".
Pour qui elle se prend, la France?
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