Connaissez-vous Durban?
Non, pas la troisième ville la plus peuplée d'Afrique du Sud, mais bien une bourgade de moins de mille âmes au coeur même des Corbières, et qui donne son nom à une des zones individualisées de ce terroir, comme coincée entre le haut du Fitou et sa partie maritime.
Regardez le ciel. Il ne faisait pas exceptionnel sur l'Aude, aujourd'hui. En même temps, avec une température comprise entre 18 et 20°C malgré la tramontane assez vive, on ne va pas se plaindre pour un début de mois de mars.
Christine est fébrile et c'est donc en voiture que nous avons "bougé" un peu. L'itinéraire prévoyait de traverser le vieux village de Fitou, puis de filer vers l'est, l'intérieur du pays. Nous nous sommes retrouvés à hauteur du vignoble des Embrémaurais ("Cherche, Médor, cherche") avant de décider de rentrer. Et là, à un détour de la départementale, se découpe soudain la silhouette en ruines du Château de Durban. Il a servi de carrière après sa vente en 1873 (!) et seule demeure une partie de sa tour ronde et deux murs aux belles fenêtres, trois d'entre elles datant du 13ème siècle et arborant une colonette en marbre en leur milieu, deux autres, de style renaissance à croisillons, plus tardives. On en fera une visite détaillée à l'occasion.
Ce château s'inscrit dans l'histoire très compliquée de ses seigneurs, traversant notamment l'épopée albigeoise, les luttes religieuses autour de la Réforme, les combats entre les royaumes de France et d'Aragon ...
Les châteaux audois sont très rares avant le début du deuxième millénaire, et leur naissance coïncide peu ou prou avec l'avènement de l'architecture romane. Vers 1020, Béranger est vicomte de Narbonne et reçoit l'hommage des seigneurs de Durban, par la voix d'Hibrinus à ce moment-là. Ils appartiennent à la famille qui possède le château de Donos également. Les noms propres ne sont pas encore trop en usage. Ces braves gens possèdent des propriétés un peu partout alentour: Catourze, Saint-Martin, Portel, Mathes, Ornezons, Olonzac, et même ... Leucate (chez nous), dans d'autres coins du vicomté de Narbonne également, ainsi que dans le Minervois, en Roussillon et même en Empurias. Toutes ces seigneuries se sont bien bagarrées pour leurs prérogatives au sein du Languedoc pendant toute la féodalité. Après l'annexion de la région à la France, c'est contre l'Espagne (Aragon) qu'elles ont fait la guerre, jusqu'au 16ème siècle au moins.
Simon de Montfort n'a pas dû investir ce secteur, et Durban n'a donc jamais été à proprement parler un bastion "cathare".
A présent, les murs appartiennent à la municipalité et un comité fait ce qu'il peut pour essayer d'améliorer son état de conservation.
Affaire à suivre, donc.
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