PAS LE CURE DE WALHAIN, NI MÊME CELUI DE CUCUGNAN

 

 

 

 

 

 

J'ai eu le bonheur de rencontrer 

ERIC DOMB

au moment où les petits Romains

commencent à porter la "toge prétexte".

Le voilà à présent qu'il prend prétexte, lui,

de la remise de palmes académiques

pour endosser à nouveau la robe.

Juriste de formation, je suppose

qu'il avait dû la porter auparavant

 

 

 

 

 

Revenons en arrière, et même fameusement en arrière.

 

Walhain-Saint-Paul, paroisse de 5.000 habitants à la charnière entre le XIXème et le XXème siècle, située au centre géographique de la Belgique, voit évoluer en chaire un curé au sang chaud. Selon la vox populi, c'est de ses oeuvres que mon arrière-grand-mère tomba enceinte. Le couple Charlier, vers les années 1900, étaient quant à eux des fermiers modestes sur le finage de la commune. Et si l'église catholique faisait  occasionnellement la quête au profit des pauvres, il semblerait que le bon ecclésiastique se servait habilement, lui, de sa ... quéquette pour réconforter les pauvresses en manque de charité chrétienne. Dame, on a beau être cureton, en n'en demeure pas moins homme! 

 

Ainsi naquit Edmond Charlier, en l'an de grâce 1902 (je crois). Il fréquenta d'abord l'école primaire de Walhain, où il se montra excellent élève. Fait rare à l'époque pour un fils de fermiers pauvres, on le scolarisa ensuite au "collège" à Basse-Wavre. Cette appellation désigne, en Belgique, un établissement catholique d'enseignement secondaire, qui s'adresse aux enfants de 12 à 18 ans. Et c'est la paroisse qui assuma les frais, faisant ainsi preuve d'une forme de "reconnaissance du bas-ventre". Il termina avec tous les honneurs possibles et on l'admit alors à la fac à Namur, où il devint licencié en philologie classique. Cette institution universitaire, subsidiée par l'église catholique, porte actuellement le nom de Facultés Notre-Dame de la Paix. Mon aïeul y fut brillant. Et le clergé lui paya derechef un cursus supplémentaire pour devenir Docteur - PhD - en lettres classiques. Curieusement, alors que la grande université de Wallonie est à présent l'Université Catholique de Louvain, ce n'est pas celle-ci qui l'accueillit. Mais il faut dire que la section francophone n'était pas encore aussi fortement développée à Louvain à cette époque. Son éclosion a fait suite à la scission linguistique et à son installation sur le site nouveau de Louvain-la-Neuve, près d'Ottignies.

 

Et c'est de l'Université de Liège (ULg), un établissement d'état, que mon grand-père reçut ses palmes. Il épousa peu après ma grand-mère et ... ce fut la fin triste et implacable, puisque définitive, de sa vie fraîche et joyeuse, tant il semblerait que son père naturel lui avait légué certaines de ses aptitudes, ADN oblige.

 

Edmond fut mon répétiteur endurant et éclairé en latin et en grec - il avait atteint alors l'âge de la retraite - et j'ai pu apprécier son érudition, son don pour les langues et son goût du mot juste. Il avait appris par lui-même l'espagnol, qu'il lisait et parlait parfaitement, ainsi que le russe, dont il pratiquait assidûment la littérature. Ce Wallon pur jus - si je peux me permettre - comprenait même assez bien le flamand. 

 

Transportons-nous à présent dans le sud de la Pologne, à la fin du XIXème siècle, dans le berceau de la branche paternelle de la famille du créateur de Pairi-Daiza. Je vous avoue que je ne connais malheureusement aucun détail piquant concernant les agissements des ministres du culte locaux, fussent-ils abbés, évêques ou encore rabbis! Mais ce que je sais, par contre, c'est que le grand-père d'Eric finit, fuyant l'horreur nazie, par atterrir à Liège, où son père, Anatole, passa sa jeunesse. Oufti. Il en a d'ailleurs gardé un léger accent chantant. Il a ensuite rencontré mes parents à Bruxelles, dans les amphis de la faculté de médecine où il devint chirurgien, et même excellent chirurgien. Ce fut le début de l'intime amitié qui lie nos deux familles de manière indéfectible depuis 70 ans! 

 

Et Eric a bouclé la boucle en sens inverse. Non, je vous rassure, il n'est pas devenu rimpotché, ni guru, ni bonze afin d'abuser de ses ouailles. Mais, depuis que son frère aîné, Marc, avait quitté l'athénée d'Etterbeek pour entrer dans le cycle secondaire près du Berlaymont, au centre de Bruxelles, il a suivi lui aussi les cours (primaires et secondaires) de l'Athénée Adolphe Max (comme mon frère Thierry et moi-même), avec brio. Il est ensuite devenu juriste à Louvain-la-Neuve, avant de réaliser à partir de 1994 son rêve fou, gagnant ainsi un pari que personne d'autre que lui n'aurait tenté. 

 

Et maintenant, il est fait Docteur honoris causa à l'Université de Liège!

Oui, comme mon grand-papa Edmond.

 

A travers lui, c'est tout Pairi-Daiza et la Pairi-Daiza Foundation qui sont mis(es) à l'honneur. Cette distinction rejaillit sur toute l'entreprise et me comble de bonheur. On le félicite vivement. 

 

Je pense que le choix des vins servis dans les différents points de restauration n'a pas été pour rien dans cette promotion, en parallèle bien sûr avec le travail réalisé en faveur du développement des espèces menacées dans le monde sauvage et, accessoirement, du repeuplement de cette région désertique de Wallonie, ainsi que de la création d'emplois locaux, précieux car plutôt rares. 

 

 

Frère Eric, lève ton verre, et chante la gaieté!

Kiekefretters et Valeureux Liégeois sont unis dans une même libation.

 

 

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