A méditer:
"Stabat Mater dolorosa
Iuxta crucem lacrimosa,
dum pendebat filius ... "
Après mes taquineries iconoclastes du weekend, l'incendie qui a parcouru Notre-dame de Paris m'a ramené à des considérations plus terre-à-terre. D'une part, j'ai souffert (?) d'un curieux épisode neurologique moi-même, qui m'a inspiré un bref moment d'angoisse; d'autre part, la perte culturelle, historique, presque existentialiste, de tout ce qui a disparu sur l'Île de la Cité suscite des interrogations chez chacun d'entre nous, et entraîne des commentaires dont beaucoup rendent un peu d'espoir en l'humanité, et dont d'autres, par contre, enfoncent encore un coin contre l'obscurantisme.
Commençons par le commentaire le moins pertinent selon moi, et qui prouve à quel point la voix officielle (celle des journalistes de la radio publique) de cette "république" est encore inféodée à la hiérarchie catholique et à ses légendes. Un nombre très important de contributions (commentateurs et interviewés unis dans une même mystification) se réjouissait avant toute chose qu'on ait pu préserver les reliques constituées par des épines de la sainte couronne d'une part, et la tunique de Saint-Louis d'autre part.
Outre le gros doute qui m'habite quant au caractère original d'épines de bois vieilles de 2000 ans (à quelques années près) et ayant traversé le monde et les croisades pour rejoindre Paris, et l'incertitude à peine plus faible concernant le vêtement du roi Louis IX, je n'en vois guère le caractère primordial, au-delà de la nostalgie qui investit toujours, même dans mon chef, les objets chargés d'histoire. Heureusement, une passante, catholique fervente, a brillamment fait briller son clan en expliquant que le plus important, au-delà du pompier malheureusement atteint en pleine action, c'était l'absence de victimes dans le foyer.
Bravo Madame, vous êtes de mon monde.
Pour le reste, même des gens qui ne siègent d'ordinaire pas à mon panthéon ont fait très bonne figure. Jack Lang affirmait qu'il fallait se fixer comme objectif à assez court terme (quelques années) de reconstruire le bâtiment ad integrum et sur les fonds publics et internationaux, car il représentait un bien commun pour nous tous. Je lui emboîte le pas sans aucune réserve. Stéphane Bern, le fou(rbe) du roi, semblait verser des larmes sincères devant cette perte artistique et culturelle. Il gâchait tout en invoquant par contre "cette France qu'il aime tant", comme si seuls les hexagonaux pouvaient ressentir la perte immense que nous venons tous de subir.
Tel journaliste spécialisé en architecture d'art rappelait que de nombreux manquements avaient été dénoncés au niveau de la détection des sinistres durant la phase de rénovation en cours sur la cathédrale. Il semblerait bien que tous les chantiers de ce type comprennent des "points chauds", endroits à risque même en l'absence totale d'ouvriers sur place ou de maladresse technique particulière. Mais les assureurs se chargeront bien d'examiner ce point, faites-leur confiance.
Enfin, le premier adjoint à la mairie de Paris, un ancien de la "tendance Jospin" récemment arrivé aux affaires, et qui souvent parle juste à mes oreilles, a décrit avec intelligence la situation présente et les urgences absolues à appréhender.
Et le grand rabbi de France a tenu des propos très dignes aussi.
Nous sommes tous, citoyens du monde moderne,
internationalistes sincères, un peu
orphelins de notre bâtiment ce matin.
Qu'il puisse remonter très vite non pas vers le ciel habité,
mais vers la lumière de la connaissance.
Mehr Licht!
Write a comment