A courte distance
de la Cité de Carcassonne
et à distance de l'incendie
sur l'île de la Cité (...)
(...) je pouvais risquer l'assonance et la consonance, vu la concordance qui existe entre mon titre et le patronyme d'Eugène, l'architecte qui présida à la rénovation (à la désauthentification?) de ces deux monuments.
Pour la troisième fois, ma mère posait le pied sur les planchers de la cour d'honneur du magnifique château des Ducs de Joyeuse, à Couiza. Ce 4 mai était son jour de fête, qui correspond en plus à la date de naissance de mon frère: 4,8 kg de gras dépoté sans un seul centimètre d'épisiotomie.
- "Tu enfanteras dans la douleur", disent les prêtres pédophiles.
- "Non !", répondait avec force le Prof. Ghislain, un des précurseurs de l'accouchement sans douleur en Belgique à l'époque. Ma mère, cette athée féministe avant la lettre, avait suivi la gymnastique prénatale ... à la lettre et maîtrisait dès lors parfaitement la respiration contrôlée.
J'ai moi-même fait une quarantaine d'accouchements lors de mes stages en maternité et je n'ai jamais eu mal, ja-mais. De même que je n'ai jamais eu mal lors d'une ponction lombaire, d'une biopsie rénale, d'un toucher rectal ou même d'une biopsie de moelle osseuse. Pour ces dernières, je n'en ai fait que très peu. Il suffit tout simplement d'être du bon côté de l'aiguille ou du trocart.
Or donc, le midi du 4 mai nous avait vus à la table de Mélanie Zervos, sur la commune de Coutens. Son mari y plante des fraises délicieuses tandis qu'elle-même plante les bases d'une cuisine fine et élaborée, très "terroir". Par un raccourci amusant, elle avait fait ses classes chez le chef Abraham ... au Château de Couiza, justement.
Et c'est là que Christine et moi avons dîné. Mina (bientôt 89 ans, je vous le rappelle) ne prend plus deux vrais repas copieux par jour et avait officiellement préféré éviter une nouvelle fois la volée de marches du bel escalier en colimaçon qui monte en direction des chambres dans les tours d'angle: pas commode avec un déambulateur. Mais la raison réelle, son agenda secret, était la présence d'une télévision grand écran dans sa chambre. Moi, je la prive de télé, non pas par sadisme mais tout simplement car nous n'en avons pas.
De couilloneri(e)s non curat vinitorius.
Paul Guilhem, qui trône au fourneau de la Cour des Ducs, nous a proposé des gambas à peine snackées, encore translucides et moelleuses, au goût prononcé de tomalli. Vous savez, ce condensé d'hépato-pancréas qui sert de base à toutes les recettes de crustacés dans la Caraïbe. Et il y ajoute un cannelloni de chair parfumé à l'ail des ours. C'est le moment.
Ensuite, Christine a réalisé sa première dans le monde du "tout chevreau". En effet, l'assiette principale nous offrait cette viande délicate sous toutes ses déclinaisons: rognon, foie, filet, gigot, cromesqui, aile, branchies, pied désossé, sot-l'y-laisse ... (?!?) et les petits légumes de saisons.
Mon endocrinologue, qui n'est guère fut-fut, m'interdit de parler des desserts: il y avait pourtant du biscuit mi-cuit, du chocolat et de la menthe, na!
Et au matin, hier matin donc, nous nous sommes retrouvés d'attaque, non pas pour envahir les USI de l'hôpital de La Pitié, mais pour faire honneur, par une simple intrusion, au buffet de petit-déj. Et Castaner n'était pas là: tant mieux, je n'aime pas partager ma table avec une petite frappe.
Monsieur Nourrisson, le propriétaire, avait eu la gentillesse d'interrompre pour un temps, afin de nous saluer, le weekend de repos qu'il pensait s'octroyer au départ. En fait, des réservations de dernière minute avaient nécessité qu'il vînt en renfort auprès de ses troupes, pourtant aguerries.
Après l'hibernum horribile qu'il vient de passer - il a fallu remettre complètement en état le bâtiment après les crues de l'Aude qui ont inondé tout le bas de la structure - cela fait chaud au coeur de voir le bâtiment resplendissant, le parking plein, les tables remplies et toutes les chambres occupées.
Ne restez pas à quia, filez tous à Couiza!
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