Une photo extrêmement
dense en information,
pour qui sait observer.
Frère Thierry, celui de Wemmel, pas celui de Capestang, est venu nous rejoindre via La Llabanère, en utilisant les services (?) des brigands de Ryanair. Ce sont donc les Carolos et les Roussillonnais qui ont payé la majeure partie de son vol.
Après l'avoir restauré - peut-être pas ad integrum - nous avons mis le cap au nord, par l'A75. L'ascension vers le Pas de l'Escalette se fit à faible vitesse (4 passagers, leur petit bagage, la marchandise d'une livraison, le fauteuil roulant et le déambulateur logés dans une Kangoo) mais sous un soleil radieux. Une fois l'ultime tunnel franchi, l'hiver s'abattit sur nous et le Larzac nous présenta des cieux dignes du port de Brest à l'amorce d'une dépression sévère.
Pas d'arrêt au Caylar pour une visite à sa boulangerie, pour une fois. Le weekend promettait en effet d'être gastronomique. On sort de l'autoroute à l'embranchement qui permet de rejoindre tantôt Marvejols (mais notre ami Dila est en vadrouille lyrique pour le moment), tantôt Nasbinals, suivant que nous souhaitons nous implanter en Margeride ou bien plutôt vers l'Aveyron.
Oui, je sais pertinemment que Nasbinals, ni même Aubrac, ce n'est pas encore l'Aveyron, mais la direction générale est là.
- "Nasbinals, c'est Bastide" comme Solvay c'est la soude. La génération que nous connaissons bien, avec l'incontournable Daniel et sa moustache, comprend une fratrie multiple et la famille occupe (ou a occupé) la mairie, la pharmacie, le sympathique hôtel-restaurant au centre de la localité, un autre hébergement au coeur du village et puis, bien sûr, l'annexe plus récente sur la route qui mène à la cascade du Déroc. C'est là que nous étions logés, douillettement même si nos dos habitués à un couchage très raide à la maison (matelas qualité "confort très ferme") ont moyennement apprécié les lits souples des lieux. Je suppose que les pèlerins préfèrent cela, à l'étape, pour le repos de leurs carcasses de jacquets. Cela leur permet de rentrer dans leur coquille!
Cette fois, nous avons été "pris en charge" très amicalement par Brigitte, la femme de l'un des frères du clan. Elle nous a appris pas mal de choses sur l'histoire de l'annexe et notre estimation de l'âge de la maison était exacte, en dépit de son état de conservation impeccable. Avantage majeur: il y a des chambres au rez-de-chaussée, et ceci devient impérieux pour ma mère.
La veille au soir (omelette aux cèpes, pièce de boeuf d'Aubrac et son aligot ou bien ris d'agneau), c'est une de ses filles, la génération montante donc, qui nous a servis, du premier verre de gentiane à la coupétade. Il a bien fallu tout un excellent Marcillac (vieilles vignes de chez Teulier), des mansois de plus de 50 ans, pour étancher ma soif face à ce festin.
Et, le lendemain matin, on a fait honneur au petit déjeuner, jambon sec et saucisson compris.
Bon, voilà l'aspect "reportage familial" accompli. Comme ma mère ne porte pas de chaussures fermées pour l'instant, je pense qu'il convient de nommer ce billet une chronique des sandales.
Pour ceux que le gossip laisse de marbre, j'enchaîne avec la phase d'information dure comme roc de mon récit: les jonquilles, le tracteur, les animaux, le cadre de la photo, dans le désordre.
Nasbinals se situe sur un plateau devant le col d'Aubrac, à proximité des lacs qui ont donné son nom à la Route d'Argent. On est en bordure du Gévaudan donc, à sa face ouest. L'endroit constitue la limite entre les montagnes basaltiques qui traversent l'Aubrac à l'ouest et le socle granitique de l'est. Le cours d'eau principal est le Bès, enjambé de nombreux ponts pittoresques et dont je vous parlerai bientôt des gorges.
Les jonquilles sauvages sont omniprésentes en cette saison dans l'Aubrac, et en constituent même une curiosité célèbre, au même titre que les gentianes. On ne confectionne cependant pas de tisane de jonquille, pour autant que je sache, ni de liqueur.
Il n'y a pas de race de cheval rustique apparenté à la région, mais des shetlies paissent de l'autre côté de la clôture du jardin de l'Hôtel Bastide, et je pense même, l'un ou l'autre Merens.
Pour le Cub tout rouge, par contre, j'ai plus d'information. C'est au décours de la dernière guerre mondiale que la firme International Harvester commença à construire ces petits tracteurs pour remplacer un cheval ou une mule sur des exploitations de petite taille. Ce quatre cylindres (entre 8 et 15 CV suivant l'évolution des versions successives) utilisait la technique des soupapes latérales (flathead engine) où les conduits d'admission (et échappement) ne se situent pas "en tête" mais où les soupapes sont positionnées latéralement par rapport à la chambre de combustion et font en quelque sorte partie du bloc moteur. A partir de 1955, la firme américaine a construit ses modèles destinés à l'Europe à Saint-Dizier. L'entreprise a cessé la production de cet engin en 1981 dans son usine du Kentucky (Louisville), après en avoir vendu un quart de million, pense-t-on.
Vous voyez que cela valait la peine de me lire jusqu'à la fin.
Avec la Coume Majou, on en apprendra un long bout!
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