OESTRICH-WINKEL DE HAUT EN BAS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Rheingau, ces aristos.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Schloss Vollrads et Geisenheim, Johannisberg, voilà qui parle aux oenophiles ... sauf en France bien sûr où les frontières hexagonales restent imperméables, que ce soit aux effluves des bons vins d'ailleurs ou aux nuages mortels de Tchernobyl. 

 

Sorti de quelques vins d'exception ayant atteint des sommes faramineuses aux Versteigerungen de Trêves, c'est en Rheingau que les prix sont sans doute les plus élevés, à niveau de notoriété comparable. De Mayence jusqu'à passé Rüdesheim, là ou le Rhin s'incurve vers le nord, le vignoble occupe la rive droite du fleuve. 

 

C'est là que le coupé de Christine a connu son baptême de l'eau, traversant les flots telle une Lorelei, sur un des nombreux bacs qui relient les deux rives, à l'été 2017. Je connais un peu moins le coin, et c'est notre ami André Domine qui m'a conseillé d'aller voir au Domaine Peter Jakob Kühn. Depuis Coblence jusqu'à hauteur de Rüdesheim, nous avons été champions, quoique sur l'autre rive. On se rappelle que, si ce trajet descend vers le sud sur une carte, le Rhin remonte en fait en sens inverse vers la mer du Nord, lui. Par contre, trouver Oestrich-Winkel à la nuit tombante, et puis le Gasthaus appartenant à une autre partie de la famille, tout en haut du vignoble, ne fut pas facile. Nous avions dépassé les installations viticoles, à mi-hauteur chemin faisant, ce qui facilita le RV du lendemain matin. 

 

Contrairement à mes habitudes - mais je n'ai jamais été aussi "léger d'argent" durant ma vie active que depuis que je suis vigneron - c'est le prix qui m'a empêché d'emporter plus de vins parmi ceux que j'avais beaucoup appréciés. Les VDP Erste Lage sont d'une finesse incroyable et d'une grande densité en même temps, mais la barre des cinquante euros est beaucoup plus proche que celle des vingt et le ruissellement promis par la Macronie ne m'a pas encore atteint.  

 

Le vignoble s'étend en pente ma foi assez douce et le vin dont je vous parle se ramasse sur le Cru "Doosberg", la montagne aux blaireaux, situé près du sommet de la colline. Un léger vent presque continu descend vers les rives, favorisant l'état sanitaire des raisins et assurant un mûrissement lent et sans pourriture: parfait pour des vins secs élégants. Le sol, du loess assez riche (argileux), strié de veines de quartzite, accepte ainsi fort bien l'humidité qu'il reçoit. 

 

La mise ne devait pas être très ancienne lorsque nous sommes passés et j'ai eu du mal, avant hier (?), à céder un petit verre à ma mère et quelques larmes à Christine, même pas deux ans plus tard. Le jaune est encore vif, le nez hurle son citron, ses agrumes et ses fleurs blanches et le vin coule, coule, coule vers la gorge. Vous dire que la nuit se déroula sans anicroche est inexact, et je le savais d'avance. Tachycardie et urgences-pipi d'abord, foie criant bobo par après. La bonne fée boldo vola à mon secours, comme une Notre-Dame pour de bon. 

 

Mais ... ça le vaut bien!