Ma composition photographique
crée et entretient la confusion.
C'est exprès!
Il y a d'abord une petite mise en scène technique. J'utilise un "pancake", vieil objectif qui ne répond pas aux conditions de mesure automatique des boîtiers modernes, mais me force à faire moi-même "aussi bien" que l'électronique embarquée. Il y a pour partie la lumière naturelle, ambiante, mais néanmoins modulée par un store à moitié fermé et des voilages de lin. Il y a l'éclairage du globe terrestre (LED), il y a deux petits spots encastrés dans le plafond et puis il y a une torche que je tiens à bout de bras (main gauche). Le résultat est sympa, pour pas cher.
Et puis, il y a le sous-plat à la marque de la firme d'Arrábida, qui n'a RIEN A VOIR avec la maison de Porto partiellement éponyme.
Je m'en vais vous expliquer tout ceci patiemment.
Le jazz (be-bop et la suite) et le porto sont deux goûts que je chéris depuis toujours. Pour le style musical, je pense que c'est ancré en moi, profondément: "It's the DNA, made me this way, do U know, do U know, do U know, just how I feel ... ?" Pour le vin, c'est évidemment ma grand-mère qui servit d'initiatrice.
J'avais un peu mis le swing à l'écart et il a fallu la plus "impactante" - comme disent les djeuns - de mes âmes damnées pour m'y replonger, en immersion totale, dictatoriale mais finalement salvatrice. C'était à la fin des années '90. Merci à la belle.
Le porto n'a jamais connu d'éloignement et je lui dois la perte de la majorité de mes hépatocytes manquant. "Bobonne" me le servait comme un fortifiant ("Tu parles!") tandis que j'étais môme: du tawny correct, un oeuf battu entier (coquille comprise) au mixer, du sucre semoule et envoyé!, c'est le Porto-flip dans sa version à elle. Elle disait d'ailleurs "porto-flup", sans doute car je le buvais quick. Hahaha.
Mais la rencontre, fin des années '80, d'une GRANDE DAME du monde du Porto, m'a permis dès la tenue d'Europalia dans ce pays (1992?) de profiter de ma mise sur orbite vers la vallée du Douro par les instances officielles du Portugal. Membre de la fratrie (7 personnes dans la même génération) d'un des shippers (et hommes d'affaires) les plus importants du milieu viticole portugais, elle m'a très vite investi de son amitié et de sa confiance. Jolie femme, beaucoup plus célèbre que moi - ce n'est pas difficile -, évoluant dans un monde chic et fastueux, elle n'est jamais entrée avec moi dans le cycle de la séduction qui caractérise généralement les relations entre hommes et femmes. Je n'avais pas assez de poids (au figuré). A posteriori, c'est bien ainsi car elle m'a donné les clés qui ouvraient les portes de la viticulture portugaise, une des plus attrayantes au monde, tout en me laissant le libre choix des directions suivies et des gens côtoyés. Et cette relation libre s'est poursuivie avec sa remplaçante, quelques années plus tard, sur un mode différent.
Muito obrigado, Portugal!
J'ai ainsi croisé la route de trois personnages fascinants, et qui s'entendent bien: Dirk van der Niepoort, Maria Assunção Cálem et João Nicolau de Almeida. Je ne peux vous dire à quel point ils m'ont appris le vin, de leur pays et d'ailleurs aussi, et combien ils m'ont donné de l'amitié.
C'est Dirk qui m'a présenté à Bruce Guimaraens, d'une génération au-dessus de la mienne, et puis à David, un de ses contemporains à lui. Le dernier cité vinifie en fait depuis 1994 quasiment toutes les belles cuvées produites par Taylor, Fonseca, Croft et Delaforce.
Ma fille unique et préférée partage avec ses deux frères, forcément moins uniques mais également préférés néanmoins, une année de naissance au millésime irrégulièrement réussi, et pour tout dire presque universellement raté en Europe: 1991, 1987 et 1984. C'est faux pour 1987 dans le Madirannais et à Bandol, et c'est faux dans la péninsule ibérique en 1991, ainsi que du côté de Cornas.
J'ai donc acheté pas mal de portos en 1991, du Cornas et des Duero (y compris Pesquera). Ce pari se révèle très inspiré pour les Vintages, à présent grandioses.
Guimaraens est la "petite" déclaration chez Fonseca, du niveau de Panascal en "single quinta". Mais celle-ci est facilement (easily) la meilleure bouteille du genre que j'aie ouverte depuis plusieurs années.
Je voulais faire plaisir à ma mère, en "long séjour" de convalescence forcée chez moi. Le bouchon vint en plusieurs fois, comme tous les lièges âgés, et j'ai passé le contenu dans un petit filtre ... à Porto avant de le carafer. La robe reste foncée, le noir cédant pour du burlat écarlate. Le nez est d'emblée ouvert, avec ce bouquet si typique du bon vintage à boire: un mélange de cassis, de pelure d'orange, d'alcool bon-goût et de vinaigre contenu, sans aucune trace de poussière, de moisi ni de champignon. Cette harmonie est rare, mais pas exceptionnelle dans les bons vintages, et alors ils sont une des choses les plus délicieuses au monde, selon moi. En bouche, ce Guimaraens 1991 est de la crème, de la caresse sucrée, du velours de tanins et ... j'ai bu toute la bouteille à moi tout seul, sorti d'un petit verre maternel et d'une lampée pour Christine. Cette nuit-là, toute la
"Coopération pharmaceutique française" * a travaillé rien que pour moi!
Voilà un très grand porto vintage,
bien dans l'équilibre qu'on attend d'une maison portugaise par son style, avec un aspect doux qu'on aime ou pas, c'est selon.
Moi, c'est la Sécu qui prend en charge mes suppléments d'insuline ...
*: les titulaires d'AMM pour Oxyboldine!
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