Тара́с Бу́льба

 

 

 

 

 

 

Ne croyez pas qu'avec ça

j'ai bu tout mon (Gogol)quota.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vigneron en phase de pré-retraite, je n'en dédaigne pas pour autant le bon jus de l'orge et du houblon. Que nenni.

 

Mon ami Patrick Böttcher, même s'il se fourvoie occasionnellement dans des sphères que je réprouve, comme Slow Food, la RTBf, le monde chico-branchouillo-populiste du vin à la mode du côté wallon de la Belgique - région viticole de qualité qui nous produit cependant à présent un crémant (au moins) absolument délectable - m'a rendu sans le savoir un fier service, il y a quelques années. Je vous raconte tout cela.

 

Patrick, un fervent du vin d'Alsace au départ, est un peu suisse et un peu pharmacien. Pour remettre les pendules à l'heure, je précise qu'il a étudié en Belgique et qu'il est apothicaire pratiquant (secundum artem) à Anderlecht, comme d'autres y sont salafistes (sur ma vie, mon Frère).

J'ai d'ailleurs été faire un petit coucou à son officine: pffff, il faut marcher jusqu'à l'aubette du tram, après avoir garé au diable-vauvert. Je n'ai pas chronométré la durée du chemin. C'était en tout cas Lange (und Sohn). 

 

Patrick a organisé, à plusieurs reprises et avec un enthousiasme incroyable, un salon annuel qui regroupait dans des lieux bruxellois improbables des vignerons un peu alternatifs et des brasseurs descendus tout droit de comètes intersidérales, ce qui est de loin plus honorable en la matière que de travailler pour un satellite d'Interbrew! Il m'y a, par amitié, invité, oui invité - c'était un secret à l'époque, mais il y a prescription à présent - car la trésorerie (un peu chiche) de Coume Majou se refuse d'ordinaire à payer pour faire déguster gratuitement notre production. Mon credo reste que ce sont les visiteurs et les annonceurs qui doivent couvrir les frais de ces manifestations. En contrepartie, à mon insistance, il a accepté que je fournisse une partie des vins dotant les tombolas, vins d'honneur et autres actions sociales de l'organisation. J'ai payé mon écot autrement qu'en participant à l'Echo de la Bourse. 

 

Patrick n'avait pas réalisé que la bassesse des gens, dans le vin comme ailleurs, allait lui occasionner des déceptions et des tristesses proportionnelles à l'énergie et à la générosité qu'il avait, lui, pompées dans ces événements ... plus tout ce que je ne sais pas et ne veux savoir. 

 

Le "service rendu" à présent, qui lui aussi m'a été pompé. A la fin du week-end de dégustation, je me suis accordé un petit tour d'honneur entre les stands, sous la tribune du stade de foot du Heysel, que je me refuse à rebaptiser du nom d'un Saalfeld. Et ce périple m'a mené devant la ... pompe à bière de la Brasserie de la Senne. La pompiste, élancée, visage ouvert, coiffée à la garçonne, rayonnait de gaieté. Sa bière était bonne, son sourire amical et, avant que son charme n'ait même déclenché le quart d'un instant les prémices d'une tentative de séduction de ma part - je suis un bon p'tit gars sérieux - elle me présenta son compagnon, qui est marchand de vin sur la place de Bruxelles. 

 

Bilan des opérations, Christophe Le Berre (Le Repaire du Sommelier, rue des Flandres) et Bréza sont devenus tous deux d'excellents copains, ils importent et représentent activement mes vins près de la Place Sainte-Catherine, et moi je bois constamment de la bière venant du cimetière de Molenbeek, dont les brassins, de haute ou de basse fermentation, se chauffent au gaz des feux-follets. " 'avd 'a vast! "

 

Leur bière la plus légère (un petit 4,5 vol% d'alcool), pas une "straffen öl" comme disent - peut-être- les Scandinaves, fleure bon son houblon très expressif et est extrêmement rafraîchissante. Elle sera la compagne parfaite d'une partie de tennis qui se prolonge: une bouteille par set, plus une au changement de côté et à chaque remplacement des balles. 

 

En même temps, le moment est sans doute venu de rappeler quelques données culturelles. L'épopée de Taras(s) Boulba nous fut relatée en 1843 dans sa version aboutie. Cela veut dire "finale", abruti!

Un cosaque zaporogue, venu donc des rives du Dniepr, guerroie en Pologne avec ses fils Andreï et Ostap (et non Smeirlap comme orthographié par erreur sur l'étiquette de la bouteille). Les cosaques sont officiellement orthodoxes, et les Polaks, eux, ont été convertis au catholicisme par les Chevaliers de l'Ordre Teutonique. Je pense que Bréza connaît bien ce genre de problème. Or, Andreï s'amourache d'une catho de haut rang et trahit son camp. Ah, l'amour! 

Son père le zigouille alors d'une bastos en plein coeur. L'histoire aurait pu en rester là si Gogol n'avait pas eu tant d'imagination. Et le théâtre de Toone aurait perdu une source possible d'inspiration:

"Arââ, 'k zwêr 'a dade".

Donc, l'armée polonaise sonne la charge de ses renforts: Wenceslas, Walesa, Poniatowski, Gadocha, Kokoszka et Haprezski finissent par exécuter Ostap, son père étant témoin de la scène. Tiens, un ablatif absolu sans le vouloir, comme Omnibus profectis etc ...  Ce spectacle terrasse notre pauvre Tarass et lui-même sera ensuite brûlé vif par les autorités polonaises. Ashes to ashes ...

 

Cela m'a donné soif:

"Un p'tit Martini, Mussolini?". *

 

 

 

*: pour mes lecteurs de France, peu au fait d'ordinaire de la scène dramatique des

   Marolles et plus généralement de l'île Saint-Géry, cette réplique est une des vaches sacrées

   du théâtre bruxellois, une espèce de " La donna è mobile ...". Elle s'énonce avec un fort

   accent régional. 

 

 

 

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Comments: 2
  • #1

    Michel de Lacave (Tuesday, 04 June 2019 11:50)

    Pour les parties en 5 sets, dont le dernier sans tie-break, il convient d'installer de vespasiennes au fond du court!!!

  • #2

    Charlier Luc (Tuesday, 04 June 2019 13:23)

    Les villas romaines ont inauguré les vespasiennes, non? Pour la naissance des "faro basso", c'était le milieu des années '50, comme moi.
    Et si le champion, un peu grossier, s'adresse à sa copine Julie, il peut lui demander: "Tu la vois, la pisse, là, Julie?".