UN MOELLEUX (?)

 

 

 

 

 

 

Vous avez dit moelleux ? 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ma mère possédait un ami (et néanmoins confrère) habitant Joué-lès-Tours. Sa maison siégeait sur ... une centaine de mètres de galeries dans le tuffeau. Il y gardait une cave bien fournie, en vieux Vouvray mais aussi en Calvados. Un jour, c'est affalée dans une brouette qu'on l'a remontée à la surface: la dégustation avait été extensive! 

 

Atavisme oblige, j'ai très vite accroché au Vouvray, sec, demi-sec, moelleux et effervescent. Et cela a déteint ensuite sur tous les vignobles à chenin.

 

Oh, il n'y a pas eu que des histoires d'amour. Certains très bons producteurs n'ont pas kiffé mon caractère, ou inversement. Cela ne m'empêche d'ailleurs pas de continuer à boire leurs vins, et à en dire du bien. Et puis, le riesling passe quand même au-dessus ...  Mais ça, c'est affaire de goût. 

 

Avec nos petits copains des "Amis du Vin", le vignoble tourangeau et angevin (avec leurs collatérales) ont toujours été mis à l'honneur. Chez Vigneau-Chevreau, les millésimes 1989 et 1990 ont fait un carton, sur différentes cuvées. J'ai moi-même encavé beaucoup de ces vins, en moelleux principalement. 

 

Jeunes, ces vins étaient impressionnants. Après quelques années, ils se sont tous déséquilibrés: l'extrême maturité des deux années (très différentes dans leur style et leur chimie) a dû surprendre beaucoup de gens. En gros, les acidités (ressenties) n'ont pas continué à contrebalancer la richesse en sucre (et éventuellement en alcool, mais ceci pose moins problème). 

 

Et puis, petit-à-petit, le plaisir est revenu habiter les flacons. J'ai eu personnellement beaucoup de problèmes de bouchons défectueux et on ne peut juger ces cas-là. Ce sont des accidents.

 

A chaque fois que j'ouvre une bouteille (les niveaux sont corrects), 1989 ou 1990 altogether, j'ai un pincement de coeur. Elles ont presque l'âge de mes enfants, à quelques années près, et c'est triste de les voir mortes, le cas échéant!

 

Je vous rassure pour celle-ci: un Clos Baglin 1990.

Vous avez vu la robe: c'est de l'airain, et elle est limpide (aucun dépôt). 

Le nez est net, mais discret: pas de champignon (tant mieux), pas de volatile, mais peu de terpénique également, et pas de cire d'abeille.

En bouche, grosse caresse sucrée et absence totale d'amertume, mais j'aimerais un peu plus de vivacité. 

J'ai siroté plusieurs verres, très frais d'abord, puis progressivement plus tempérés. Et le vin a accompagné de la crème glacée.

 

Après, j'ai déglacé le jus des paupiettes du soir, relevé d'un oignon suant, avec ce vin: très très bon

 

Et demain, on finira la bouteille.

Trente ans quand même, à peu de choses près.

 

 

 

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