La barbe fleurie de Th. Michon
- c'était trop tentant -
et sa production,
en visite chez
Sylvain et Alexandre.
Nous y étions aussi.
Un peu d'histoire.
Si c'est Mussolini qui a effectivement contribué à assécher les marais propices au développement du paludisme dans le Mezzogiorno, c'est déjà à Fernando I (de Medici) que la "Maremma" doit ces mêmes travaux de salubrité publique. Pourtant, il faudra attendre trois siècles pour observer le développement spectaculaire de vignobles de qualité dans cette zone maritime de la côté tyrrhénienne. Les vins y sont bons et les propriétés de luxe s'y établissent de plus en plus fréquemment, y compris certains chais à l'architecture post-moderne discutable. Plasmodium a fait place à vinum, même si mon jardin est plus petit que Rome.
En France, ce n'est pas l'équivalent de Benito (Tonton) qui a fait reculer la maladie, même si l'arrosage systématique des Antilles par le DDT, insecticide banni partout ailleurs dans le monde à cause de sa "dangerosité", y a contribué. Un coin de Loire "résiste encore et toujours à l'envahisseur", comme jadis les Vendéens en l'An I et II: ils conservent leur marais (salant) et y implantent de la vigne. On y trouve à présent cinq appellations (si je suis up-to-date) rassemblées dans les Fiefs Vendéens.
Au moment où les Pieds Noirs plantent de vignes la Corse et le Gard, et une partie de la Provence et du couloir rhodanien itou, un certain Patrice Michon s'installe vigneron à Brem. Environ un quart de siècle plus tard, l'île d'Olonne est colonisée elle aussi: lui-même et ses deux fils y disposent d'un chai pratique et étendent le domaine, protégé par les marécages environnants. Et encore trente ans plus tard, AOC en poche, c'est la génération suivante qui marche dans les pas des aînés.
J'avais "découvert" les vins du Dom. Michon (rien à voir avec les charcut. industrielles crades et le monde absurde des courses en mer, sinon l'extraction vendéenne) avant que son nouveau nom de Domaine Saint-Nicolas n'eût réussi à s'implanter comme une des valeurs sûres de l'Ouest de la France. Ce furent l'homme du rapport d'une part (J. Berthomeau) et aussi un ami ayant ses attaches à l'île d'Yeu qui m'ont initié. Auparavant, et notamment en faisant route vers la Saintonge dans les années '90, je n'avais pas été conquis outre mesure par les vins de ce coin. Les propriétés, de petite taille et assez peu outillées, produisaient des "choses" peu mûres et généralement mal vinifiées. Même mon affection particulière pour le chenin n'arrivait pas à faire passer cette ciguë. Pourtant, je buvais déjà de fort bonne grâce l'excellent vin de Jasnières à l'époque, c'est vous dire.
Donc - pour reprendre le fil décousu de ce récit - les vins de Saint-Nicolas m'ont plu. Vous savez par ces lignes que Sylvain Joffre (En Pleine Nature), l'ancien de chez Bras qui a développé un véritable "pôle gourmand" à deux doigts de la mairie de Quint-Fonsegrives, laisse régulièrement libre cours aux initiatives d'Alexandre, son sommelier; Ce dernier convie un vigneron (et parfois un brasseur) à venir montrer sa production aux clients du restaurant, mais aussi aux chalands du marché du samedi. Toute l'équipe y participe avec entrain et gaieté (on est pourtant loin de Montparnasse ...).
Nous avons déjà eu l'honneur d'être leur invité d'un jour.
Aussi, lorsque j'ai vu que Thierry Michon en personne venait présenter sa gamme, j'ai profité de la proximité de la date d'anniversaire de notre chevrière préférée pour solliciter un hébergement chez elle et mettre sur pied un petit weekend sympa: rencontre avec ce vigneron et ses vins, repas du samedi soir avec notre amie et marché du dimanche à Saint-Antonin-Noble-Val, suivi d'un bbq champêtre à Bonnanech. Vous lirez ailleurs que c'est chez un autre client de la région (au galactisme en phase d'eclipse passagère) que nous avons fait ripaille car nos amis, très courus pendant les jours ouvrables, font relâche durant la fin de semaine. Ils mettent leur propre étoile en position "veille", afin de se consacrer à leurs familles respectives et sans doute aussi pour dessiner un mouton ...
Ils ont aimablement toléré ma présence parasitaire.
Ce fut l'affluence malgré le temps maussade de la matinée et le héros du jour a eu du mal - mais il y est arrivé - à mettre en phase les nombreux visiteurs afin de structurer sa dégustation très fournie. Et vous savez combien les phases sont importantes pour les adeptes de la BioD. Je ne vais pas vous infliger la litanie de ma propre dégustation: tout était très bon, ciselé et équilibré. Les vins de Saint-Nicolas allient une acidité de bon aloi à des arômes très fruités, même au bout de quelques années. Une légère oxydation marque les blancs après sept ou huit ans (!), et leur ajoute une certain charme. Pour faire simple: le "Haut des Clous" et "Le Poiré" sont à mon avis des vins qu'il faut avoir chez soi, sous la main. Et Alexandre l'a bien compris aussi, car il les propose à la carte.
.
Merci à Thierry Michon de nous avoir si gentiment montré tout cela,
avec beaucoup d'humour et de conviction.
Merci à Sylvain, Alexandre et toute leur équipe (en parité H/F totale)
pour leur accueil à la fois cool et chaud*.
Et merci au soleil occitan de nous avoir guidés ensuite vers le Quercy,
sur des routes rendues désertes par la quête,
attendue à ce Stade (toulousain),
du Bouclier de Brennus.
*: joli, l'oxymoron
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