CE GENTIL FIANCE, ON SAIT A PRESENT CE QU'IL EST DEVENU

 

 

 

 

 

 

KEVINE,

Erectus felix in umbra,

Sub tegmine fagorum Quercorumque Carpinorumque  Ulmorumque (etc ...)

Formosam resonare doces tuam 

CELINAM

silvas ...

 

 

 

 

 

 

 

 

Il était une fois une petite fille gâtée et heureuse: Céline.

Elle possédait des parents aisés, qui la dorlotaient dans une jolie maison au milieu des bois. Elle avait ses poneys et son Foehn chéri. Et l'école ne lui déplaisait pas trop. C'est à cette époque que nous sommes tous montés au Château de Quéribus, tous ensemble.

 

Et, puis, comme il advient hélas plus d'une fois, le ciel s'est un peu assombri. Les adultes autour d'elle se sont moins bien entendus, et l'école lui a moins plu.

 

Elle est partie au taf: dans les assurances, dans le pet-food, que sais-je encore? Et partout, Céline s'est affirmée comme une jeune femme décidée, parfois même "rude", mais appréciée et qui avait gardé au fond d'elle ce charme de l'enfance et ces beaux yeux que le "mayeur" d'Orp a subtilement mentionnés, à la suite du vieil Hugues Aufray. 

 

Comme un plus un font souvent tout autre chose que deux, elle a rencontré "le Kev". Je l'ai vu pour la première fois en placeur de voitures (je crois), sorte de voiturier sans pourboire, dans un chemin creux de Pécrot. 

 

Le reste, c'est mon cher ami Yves - il sait combien il compte à mes yeux - qui le définit: "Ma fille a tout fait dans l'ordre: 1) elle s'est fabriqué le boy-friend qu'il fallait. Puis 2) il lui a construit sa maison. Et ensuite 3) il lui a donné des enfants". 

 

Et cela fait, pffff, longtemps que ça dure. Au-delà de dix ans, et bien au-delà ...

 

Et soudain, la petite fille (presque) sage devenue femme assertive a fait résonner la nouvelle comme un coup de tonnerre: elle allait se marier!

Se marier! Dans ma génération, on ne se mariait que sous la pression financière exercée par les familles, ou par crainte des foudres de la hiérarchie catholique dans les milieux bigots.

A quoi bon, bordel de merde?

 

Mais bon, Christine et moi sommes allés à la noce, sans bien comprendre mais certains d'y trouver la chaleur des vraies amitiés et la joie de partager du bonheur pur jus. Pour couronner le tout, les invités ont accompagné tout le repas avec mon vin, servi qui plus est par une jeune équipe de salle rassemblée autour de la Loute, en "MC" (pas Solaar) d'un soir. Vous vous rendez compte: les deux meilleures filles au monde réunies sous le même chapiteau! 

 

On a entendu tous les discours, de l'article 221 du Code Civil à la Maison Communale aux boniments des djeuns éméchés (litote) au petit matin.

La marraine de la mariée, une intello à l'esprit large et à l'intelligence vive, macérée dans les mêmes convictions que votre serviteur, s'est essayée à une explication. Même elle ne m'a pas convaincu, en dépit de l'estime que je lui porte. 

Le parrain, pas le tiers d'un idiot non plus, raisonné, posé, nous a tracé un fil de vie affectueux "de la petite", mais sans m'aider d'un iota.

Du côté de Kevin, ses proches ont tracé avec gentillesse et application l'esquisse d'une justification d'inspiration crypto-judéo-chrétienne, sans y croire tout à fait. 

Les témoins - cinq meufs et cinq keums - ont eu l'avantage de nous proposer des corps de rêve (surtout les filles, enfin, selon mes goûts à moi). Le plus convaincant fut Thomas (si j'ai bien retenu): il gérait la profession de foi avec sympathie et entrain, il est beau gosse et excellent orateur. Mais lui aussi n'a proposé que des .... conneries comme justification. Enfin, ce n'est que mon avis de vieux débris sans cervelle ni illusions et on n'est pas obligé de le partager.

 

Et puis, les tourtereaux se sont rejoints derrière le lutrin. Silence, gravité. 

 

Kevin nous a expliqué avec conviction qu'il se mariait ... parce que l'amour de sa vie en avait envie, et lui aussi en fait. Pas pour le cureton, pas pour le banquier, pas pour Papa et Maman ... mais pour Céline!

Et un peu pour dire au monde: " C'est elle que je veux, pas touche les mecs, celle-là, je ferai tout pour elle. Et bas-les-pattes, les filles: vous ne m'intéressez plus depuis que je connais ma promise". 

 

Et Céline fut très claire aussi, NA! Elle se mariait parce qu'elle en avait envie, parce qu'elle voulait le plus beau jour de sa vie et tout ce qui va avec (la robe, le strass, la jarretière, la fête, le bal, la douce ébriété ...), parce que la petite fille gâtée, et la femme accomplie, et la maman comblée voulait crier à la face du monde son bonheur absolu et son amour de l'autre moitié de son couple et de ce qu'il représente pour elle. Vous les garçons, passez votre chemin, vous n'existez pas. Et vous les garces, elle vous crèvera les yeux si ....

 

Et là, là, j'ai compris pourquoi ces deux-là se sont mariés. 

Ce ne sera jamais "un truc pour moi" (j'ai essayé, brièvement, il y a très longtemps) mais dans leur cas, cela a un sens.

 

Monsieur et Madame les parents de Kev, vous avez un fils formidable

et il est bien accompagné, par quelqu'un de formidable aussi.

Yves, mon ami Yves, j'ai toujours prétendu que tu avais la fille que tous les papas rêvent d'avoir.

(Il n'y a que ma fille qui puisse arriver à sa hauteur).

Et elle s'est mise entre de bonnes mains - je reste correct.

 

 

Kevin et Céline: vous êtes BEAUX! 

Soyez heureux,

(avec ou sans carnet de mariage).

 

 

 

PS: Si vous vous mariez une autre fois (la vie est bizarre),

     j'espère que vous m'inviterez à nouveau! 

 

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Comments: 2
  • #1

    Michel de Lacave (Thursday, 27 June 2019 16:54)

    "Tityre, tu patulae recubans sub tegmine fagi..." merci Luc de pasticher avec verve et talent le poète latin des Bucoliques!
    C'est vrai qu'ainsi l'ombre des hêtres ça a une de ces gueule!!!

  • #2

    Charlier Luc (Thursday, 27 June 2019 17:48)

    Feu mon grand-père, enfant naturel du curé de sa paroisse et élevé chez les Pères, était un latiniste et un hélléniste de haut vol (PhD en langues anciennes). Quelques codons de mon aïeul se sont inscrits durablement dans mon ADN.